Le chemin est long du Canada au Brésil, mais avec les Jeux Paralympiques qui battent leur plein à Rio de Janeiro, la professionnelle de L’espoir, c’est la vie, Marize Ibrahim porte une attention toute spéciale aux jeux, surtout aux compétitions de natation. Elle sait que derrière chaque nageur ou nageuse, on trouve une armée de personnes qui les ont aidés à arriver aux Jeux Paralympiques; elle sait la somme d’efforts exigés des athlètes pour les amener à ce niveau. Tout cela, elle le sait parce que, durant ses moments de loisir, quand elle ne travaille pas comme physiothérapeute pour le programme Santé seins et os de L’espoir, c’est la vie (financé par la Fondation du cancer du sein du Québec), Marize est évaluatrice bénévole en natation, ou, plus précisément, classificateure medicale de niveau national.
“Nous classons les nageurs afin qu’ils se mesurent aux autres de façon juste, en tenant compte de niveaux de capacité similaires,” note Marize. Pour prendre un exemple évident, un athlète à qui il manque une main ne peut compétitionner contre un paraplégique.
Chaque printemps et chaque automne, Marize se joint à un groupe choisi d’évaluateurs médicaux et techniques formés en médecine et en physiothérapie et passe une fin de semaine intense à évaluer et à classer des nageurs sur une échelle de 1 à 10, en partant des moins atteints pour aller vers les plus diminués physiquement. Le système de classification des nageurs est plus compliqué que celui de n’importe quel autre sport parce qu’il comporte à la fois un évaluation médicale standard, administré par un médecin et/ou un physiothérapeute et une évaluation technique en piscine.
“En natation, nous avons à faire avec la gravité hors de la piscine et avec la contre-gravité dans l’eau,” explique Marize. “Les différentes situations peuvent poser un réel défi, ajoute-t-elle, parce que nous sommes en présence de toutes sortes de cas, depuis des maladies neurologiques telle la paralysie cérébrale jusqu’à des lésions musculo-squelettiques. Un avis clinique entre souvent en jeu.” Outre les 10 classifications physiques, les nageurs sont parfois soumis à deux autres classifications : la vision et les aptitudes intellectuelles.
Cela peut prendre jusqu’à 2 heures pour évaluer chaque athlète et l’équipe procède généralement à 8 ou 10 évaluations par jour, le plus souvent sur 2 jours. Si ces séances de fin de semaine sont très intenses, elles sont en même temps très gratifiantes. Tout en étant pleine d’admiration pour ce que le corps humain peut faire, surtout dans l’eau, Marize trouve une remarquable source d’inspiration en la détermination et la motivation des athlètes. “Ils ont à relever tant de défis avant même de toucher l’eau. Dans un cas de paralysie cérébrale, par exemple, cela peut prendre jusqu’à 2 heures rien que pour arriver à la piscine et mettre le maillot.”
La détermination est certainement quelque chose que Marize connaît bien, de par son travail à L’espoir, c’est la vie. “Que ce soit à la suite d’un banal accident qui laisse la personne diminuée physiquement à vie ou à cause d’un diagnostic de cancer, la vie peut changer en un clin d’oeil. Je suis sans cesse émerveillée par le courage de l’être humain,” conclut- elle.